Alerte : 3 millions de logements pourraient perdre MaPrimeRénov’
La subvention MaPrimeRénov’ pourrait bientôt être inaccessible pour des millions de logements. Un rapport récent de la sénatrice Christine Lavarde, publié le 17 mai, propose de priver de cette aide publique les maisons situées dans les zones les plus vulnérables aux risques climatiques, notamment les épisodes de sécheresse des sols, connus sous le nom de retrait-gonflement des argiles (RGA).
Cette recommandation vise à éviter ce que Lavarde qualifie de "gâchis de dépense publique". Elle souligne que l'État finance des rénovations qui risquent d'être endommagées peu de temps après en raison de ces phénomènes climatiques. Un point de vue également soutenu par le député Vincent Ledoux dans son rapport de 2023.
Des millions de logements concernés
Actuellement, MaPrimeRénov’ est attribuée en fonction des revenus et des types de travaux réalisés, sans tenir compte de la vulnérabilité aux risques naturels. La sénatrice propose donc de conditionner cette aide à des critères géographiques et climatiques. En France, 54 % des 10,5 millions de maisons individuelles se trouvent dans des zones d’exposition moyenne ou forte aux risques de sécheresse, dont 16 % en zones fortement exposées.
Ces risques climatiques ont un coût de plus en plus élevé. En 2023, les dommages liés à ces événements extrêmes ont atteint 6 milliards d’euros, contre 10 milliards en 2022. Historiquement, jusqu’en 2015, les dégâts dépassaient rarement les 3 milliards d’euros par an.
Des solutions pour les propriétaires
Pour ne pas laisser les propriétaires dans une impasse, Christine Lavarde propose plusieurs solutions d’accompagnement. Elle suggère de rediriger une partie des fonds Barnier, principalement destinés à la prévention des risques, vers des actions plus spécifiques. Actuellement, seuls 6 % de ces fonds sont utilisés à cette fin, bien que le fonds soit excédentaire.
Lavarde propose également la création d’un prêt à taux zéro (PTZ) "résilience" pour financer les travaux de prévention. Ce prêt serait couplé à une modulation de franchise, soutenue par la Caisse centrale de réassurance, permettant aux propriétaires les plus préventifs de bénéficier de franchises réduites en cas de sinistres.
Un enjeu financier et écologique
La proposition de Christine Lavarde suscite un débat majeur sur l’efficacité et la durabilité des subventions publiques. Elle interroge sur la pertinence de financer des rénovations énergétiques dans des zones à haut risque de dégradation rapide. Le rapport vise à prévenir une "catastrophe financière" pour le régime d’indemnisation des catastrophes naturelles, tout en poussant à une meilleure gestion des ressources publiques.
Si cette mesure est adoptée, elle pourrait transformer radicalement l'accès à MaPrimeRénov’ et inciter davantage de propriétaires à investir dans des travaux de prévention climatique. Toutefois, cette idée radicale a aussi ses détracteurs, qui craignent qu’elle ne pénalise injustement de nombreux foyers déjà fragilisés par le changement climatique.
La question reste ouverte : comment concilier la nécessaire rénovation énergétique des logements avec une gestion prudente des risques climatiques ? Les réponses à cette question pourraient bien redéfinir les politiques publiques en matière de subventions et de prévention des risques dans les années à venir.